Vous savez probablement tous que je suis un
scientifique, mais également un professeur.
C'est pourquoi j'enseigne toujours à mes étudiants de se demander
pourquoi les choses se passent d’une certaine façon. Un peu à la manière des
personnes qui s'intéressent aux sciences et qui se demandent constamment
pourquoi les choses se passent comme elles se passent. Dans la majorité des
cas, ce n’est évidemment pas le résultat du hasard ou d’une intervention
divine. Lorsque nous étendons cette réflexion au comportement humain, nous
parlons alors de ce qui s'appelle l'empathie, très souvent absente dans les
relations humaines. Nous disons en Espagne qu'un humain se rend compte de la
stupidité des autres mais pas de la sienne. Nous sommes probablement un peu
arrogants ou peut-être que ce dicton reflète vraiment ce que représente le manque
d'empathie. Il est tellement plus facile
de critiquer l'action d'autrui plutôt que d'essayer de comprendre pourquoi elle
se passe de cette manière. Peut-être que mon intelligence ne parvient tout
simplement pas à comprendre certains comportements humains et je reconnais par
là mes propres limites. Personnellement tout le monde est bon en soi, jusqu'à
ce qu'un comportement ou un trait de caractère me prouve le contraire. Mais la
vérité est que ce n’est pas facile du tout d'admettre cette thèse. En considérant
les humains comme des animaux, c'est-à-dire des êtres purs et bons, j'ai connu
et je connais encore ma part de problèmes.
Il s'agit probablement d'une philosophie
différente, je considère que les barbaries des galgueros sont souvent
engendrées par l'ignorance et la sacro-sainte tradition, j'en ai été le témoin
toute ma vie. Peut-être parce que je suis très naïf ou parce que je suis
espagnol? Je refuse d'admettre que la cruauté envers les animaux est un gène
dominant qui persiste dans le génome hispanique. Si tel était le cas, je serais
également affecté par ce gène et je sais pertinemment que je ne le suis
vraiment pas.
Voilà pourquoi j'ai entamé des pourparlers
avec la Federación Española de Galgos (la Fédération Espagnole des Galgos),
précisément car je pense que ce n'est qu'en communiquant avec autrui que vous
pouvez faire comprendre votre point de vue et que c'est aussi une question
d'éducation. La FEG est un partenaire valable pour de telles discussions et -
cela vous choquera encore plus - il y a des points sur lesquels nous pouvons
parvenir à un accord, par exemple: le contrôle et la supervision de l'élevage
de lévriers par un organisme officiel, l'interdiction d'élever des animaux sans
ce contrôle, l'obligation de vacciner et identifier tous les chiens, les
conditions d’élevage qui devront correspondre aux besoins naturels des chiens.
Il est également essentiel d’expliquer aux
galgueros qu’ils ont une responsabilité envers leurs animaux, de leur naissance
jusqu'à leur mort, c'est pourquoi ces étapes naturelles pour tout être vivant
doivent être menées de manière digne et encadrées par des lois. Nous avons le
devoir de faire moins de reproduction afin de diminuer fortement le nombre
d’animaux et de les éduquer dans de meilleures conditions. Lorsque les chiens
arrivent en fin de carrière de courses, survient alors un problème essentiel.
Mon point de vue est que nous devons prendre soin d'eux jusqu'à leur fin de vie
naturelle, mais soyons réalistes, les choses ne se passent pas ainsi pour le
moment. Nous devons faire un choix, les tuer légalement ou les abandonner dans
un refuge afin qu'ils aient une chance d’être adoptés dans des familles. Là encore, il faut être réaliste, aujourd’hui
les refuges n'ont sont pas assez grands pour prendre en charge tous les chiens
qui sont abandonnés chaque année. Ce qui signifie que certains animaux
devraient être sacrifiés d'une manière légale et surtout humaine. De plus, la
plupart des vétérinaires n'acceptent pas d'euthanasier un chien en bonne santé
et leur éthique est totalement respectable.
Et les chiens qui finissent au refuge?
Est-il éthique que le galguero puisse abandonner ses chiens à cet endroit,
juste comme ça? Je suis convaincu que cela ne se produit pas non plus ailleurs,
sans que le galguero ne doive payer quelques euros. Et pour moi le montant est
toujours trop petit face à cet acte cruel qu'est l'abandon d'un animal. Donc à
mon point de vue, les galgueros ne peuvent se débarrasser gratuitement de leurs
chiens. Rien dans la vie n’est gratuit. Mon expérience des galgueros m'a appris
que l'argent est leur seul souci. Et c'est pour cette raison que la perception
d’une taxe par chien abandonné serait un moyen très efficace d'arrêter la
reproduction effrénée qui existe actuellement. Si un paiement est demandé pour
chaque animal abandonné, il y en aurait moins. Aujourd’hui, les galgueros font
de la reproduction sans discernement, et comme je l'ai constaté lorsque nous
allons recueillir des animaux dans les villages, ils entraînent leurs jeunes
chiens en nous disant: ''Regardez-les, ils seront au top l'année prochaine''.
Bisous, étreintes, mordillements et coups
de langue des animaux. Fermín.
(à suivre)